Cette semaine nous parlons de Pessa’h Chéni. En effet un mois après Pessa’h, le 14 Iyar, nous fêtons Pessa’h Chéni.
Rappelons son origine : Un an après la sortie d’Égypte, Moché Rabénou ordonne au peuple de célébrer pour la première fois la fête de Pessa’h et de procéder au sacrifice du korban Pessa’h (sacrifice de l’agneau pascal). Malheureusement, la joie de cette première commémoration ne sera pas partagée par tous.
En effet Moché Rabénou reçoit la visite surprenante d’une poignée de personnes ne pouvant pas procéder à ce sacrifice, car ils étaient impurs. ( Voir Bamidbar 9 ; 7)
La Guémara [Souka 25a/b] offre diverses raisons pour comprendre leur état d’impureté:
Selon Rabbi Yossi Hagligli ils portaient les ossements de Yossef ; selon Rabbi Âkiva il s’agissait de Michaël et Eltsafan qui transportèrent les dépouilles de Nadav et Avihou (les enfants d’Aharon) en dehors du camps ; enfin selon Rabbi Its’hak, ils étaient de simples juifs ayant dû s’occuper de l’inhumation d’un « mèt mitsva », un mort abandonné en attente de sépulture.
Ayant ce statut, ils sont exemptés de faire le Korban Pessa’h. Ils ne ratent pas la Mitsva, ils n’ont pas le devoir de la faire car ils sont occupés à une autre Mitsva.
Quoi qu’il en soit, ces hommes réclamèrent de pouvoir fêter eux aussi ce grand jour. Ils se sont sentis comme « punis » sans raison fondée, car ce n’était pas dû à une négligence de leur part, mais plutôt lié à l’accomplissement d’une Mitsva.
Pourquoi seraient-ils privés de fêter avec le reste du peuple une si grande sim’ha de ce premier Pessa’h en tant que peuple libre ? Bien que dispensés, ces hommes ont cherché à montrer leur attachement et leur reconnaissance envers le Créateur qui les a libérés.
Moché Rabénou, ne sachant pas comment réagir à cette réclamation, consulta Hachem qui lui ordonna d’instituer un second Pessa’h pour ceux n’ayant pas pu fêter le premier.
Incroyable ! Une fête qui n’existait pas dans le calendrier, et qui, grâce à une poignée de gens déterminés et sur-motivés a été instaurée ! Leur détermination a créé une nouvelle occasion de servir Hachem !
Parfois on croit que l’on a raté le coche, la déprime s’installe et on se relâche… Mais Pessa’h chéni, fête de la deuxième chance, viens nous inculquer que tout n’est pas perdu !!
Illustrons cela grâce au récit suivant :
Rav Israël Salanter Zatsal rentre un soir tard chez lui, et se rend compte que la lumière du cordonnier est encore allumée. Le Rav inquiet et consciencieux , se dit que si la lumière est allumée à cette heure-ci, c’est sûrement qu’il se passe quelque chose.
Il tape à la porte, et le cordonnier surpris de voir le Rav à une heure aussi tardive, lui demande la raison de sa visite. Le Rav lui répond, qu’il était inquiet de voir la lumière de la boutique allumée à une heure aussi tardive.
Le cordonnier lui répliqua une phrase aussi simple que profonde : «chaque instant où la lumière est allumée, on peut encore réparer, alors je reste travailler »
Le Rav rassuré quitte son fidèle, mais avec en tête cette phrase qui résonne « chaque instant où la lumière est allumée, on peut encore réparer… »
Cette phrase n’est pas tombée dans l’oreille d’un sourd, Rav Salanter analyse chaque situation de la vie et en tire les leçons nécessaires pour pouvoir avancer. Le cordonnier ne s’est pas rendu compte de l’impact de sa réponse.
Le lumière en question c’est la Néchama, tant qu’il y a une Néchama on peut réparer ! En d’autres termes, comme le dit le dicton populaire « Tant qu’il y a de la vie il y a de l’espoir ! »
Les maîtres de la ‘Hassidout apprennent de Pessa’h Chéni une grande leçon de morale, qu’au-delà du fait qu’il est toujours possible de réparer, « il n’existe pas de désespoir dans le monde », « eïn iyouch/pas de désespoir », évidement si on le désir profondément. En effet pour avoir droit à une seconde chance, il faut le vouloir réellement et ne pas oublier de le demander, à l’exemple de ces hommes impurs qui se sont battus pour rattraper cette Mitsva a priori perdue… En leur offrant ce jour là, Hachem a voulu inculquer cette notion : «le désespoir n’existe pas ».
Tous les ans, la date de Pessa’h chéni coïncide avec la hilloula de Rabbi Méïr Bâal Haness.
Rabbi Méïr porte son nom sur les « miracles » qu’il réalisait. Mais qu’est ce qu’un miracle?
David Hamélekh écrit dans les Téhilim: « D.ieu rattrape tous ceux qui tombent / סוֹמֵךְ ה׳ לְכָל הַנֹּפְלִים », c’est ce que l’on appel un miracle, un נס
Lorsque l’on se trouve dans la situation la plus désespérée « la chute-נֹּפְלִים » et que soudain tout change «rattrape -סוֹמֵךְ» les initiales forment le mot « ness-נס », miracle.
Dans ce Téhilim que l’on récite tous les jours à trois reprises nous voyons que même si nous avons atteint le niveau le plus bas, rien n’est jamais perdu, et cela même au delà des règles de la nature.
Le Ram’hal explique qu’il existe une particularité en plus de la sanctification relative à chacun des jours de fête. Chaque illumination, produite à une époque déterminée resplendira de nouveau à son jour anniversaire. À la date commémorant l’événement sera émise une illumination du type de la première, par exemple celle dont les Bneï Israël ont bénéficié après la sortie d’Égypte et dont on bénéficie tous les ans à Pessa’h. Tous les jours saints sont basés sur ce principe.
Aussi, le Rav Dessler nous recommande de prendre conscience que les dates de notre calendrier sont bien plus que de pieuses commémorations d’événements passés. Lors de chacune des fêtes, chaque juif peut et doit retrouver le contenu spirituel qu’elle possédait à l’origine.
Imprégnons-nous de l’illumination d’espoir s’étant produite à cette date et apprenons à ne jamais baisser les bras. Comportement parfaitement intégré et incarné par la personne de Rabbi Méïr, porteur du miracle.
source ovdhm (lien)
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