Memoire

10 photos emblématiques du photographe israélien David Rubinger

À travers son objectif, David Rubinger a immortalisé certains des moments les plus forts de notre histoire.

David Rubinger, le célèbre photographe israélien, s’est éteint en mars dernier, à l’âge de 92 ans.

Sa vie reflétait celle de l’État juif qu’il avait aidé à fonder et dont il a avait si mémorablement documenté l’histoire.

Né à Vienne, il fut épargné de la Shoah en s’assurant en 1939 une place dans un bateau de la jeunesse juive sioniste en partance pour la Palestine. Il rejoignit la célèbre « Brigade Juive » de l’armée britannique où il lutta contre les forces ennemies à Malte et en Italie. Plus tard, il combattit dans la guerre d’Indépendance d’Israël avant d’entamer une carrière de photographe d’actualité dans la presse israélienne et internationale.

Les clichés de David Rubinger véhiculent la beauté et la passion d’Israël au cours des six dernières décennies. Voici quelques unes des images les plus remarquables qu’il a immortalisées au cœur de cette patrie qu’il a tant aidé à construire.

De jeunes Hiérosolymitains célèbrent le vote de l’ONU pour la création d’un État juif le 30 novembre 1947

 

Le 29 novembre 1947, les nations du monde votèrent le partage de la Palestine en un État juif et un État arabe. Les dirigeants arabes rejetèrent le vote et promirent de déclarer une guerre à l’État juif, en jurant de jeter le tout jeune pays juif à la mer. Pour sa part, la communauté juive célébra le vote avec enthousiasme.

Rubinger se souvient de la scène à Jérusalem : « Pour quiconque ayant le privilège de vivre là-bas à cette époque, ce fut surement l’événement le plus mémorable que l’on puisse imaginer. Nous étions, comme tous nos voisins, collés à la radio. À minuit, un vote majoritaire adopta la création d’un État juif en Palestine. Des foules en liesse envahirent les rues de la ville, chantant, dansant et célébrant cette annonce. »

Une femme israélienne apprend à lancer une grenade, 1948

 

L’État d’Israël moderne fut créé le vendredi 14 mai 1948. Quelques heures plus tard, les forces jordaniennes, égyptiennes, syriennes et libanaises envahirent le nouvel État juif. Totalement dépassé en nombres et en armes, Israël se démena pour créer une force combattante en vue de repousser les envahisseurs.

À la recherche d’un dentier perdu en No-Man’s Land

À la suite de la guerre d’indépendance d’Israël, les forces jordaniennes occupèrent la moitié occidentale de Jérusalem, dont la célèbre vieille ville contentant le Mur occidental et d’autres sites sacrés. Aucun Juif n’eut la permission d’habiter ni de visiter la partie occidentale de la ville et les maisons juives situées à proximité de la frontière furent souvent ciblées par des coups de feu venant de Jordanie.

Dans cette atmosphère tendue, une patiente d’un hôpital catholique situé le long de la frontière se pencha par une fenêtre ouverte et fit tomber son dentier par mégarde. Il fallut une grande mission internationale pour le récupérer. Les représentants de l’ONU déclarèrent qu’il s’agissait d’une priorité et ils dépêchèrent un officier français agitant un immense drapeau blanc pour dissuader les coups de feu jordaniens. Après avoir fouillé dans les gravats d’un No Man’s Land, une religieuse, Soeur Augustine, entraperçut quelque chose sur le sol, se baissa et brandit triomphalement le dentier perdu.

Le cliché de Rubinger apparut dans le magazine américain Life, où il procura un rayon de lumière dans les ténèbres autrement tenaces de la violence et l’occupation jordaniennes.

Parachutistes israéliens au Mur occidental, le 7 juin 1967

Au beau milieu de la Guerre des six jours, David Rubinger couvrit les combats à Jérusalem. Se frayant un chemin à pied jusqu’aux lignes de front dans la vieille ville de Jérusalem, il arriva au Mur occidental quelques minutes après que les troupes israéliennes eurent repris contrôle du site le plus sacré du judaïsme. Rubinger se souvient de ces moments exceptionnels : « Pour obtenir le cliché le plus réussi… il me fallut m’allonger parterre et diriger mon objectif en direction du ciel afin que je puisse capturer à la fois les parachutistes israéliens victorieux et autant de surface du Mur que possible. »

Le son du Chofar retentit au Mur occidental, le 7 juin 1967

Quand les troupes israéliennes parvinrent au Kotel, le grand rabbin de l’armée israélienne Shlomo Goren sonna du Chofar, pour marquer la première fois en 1997 années que le Mur, le vestige de l’ancien Temple de Jérusalem, se trouvait de nouveau sous contrôle juif.

David Rubinger se souvint des émotions intenses qui régnaient à l’époque : « La scène qui m’entourait était extrêmement émouvante… Les gens pleuraient de joie et de soulagement, et je dois admettre qu’au moment où je prenais mes photos, des larmes coulaient le long de mes joues à moi aussi. »

Marc Chagall et Golda Meïr, 1969

David Rubinger suivit l’artiste Marc Chagall autour de la Knesset, le parlement israélien, alors qu’il croquait des esquisses qui allaient ensuite donner naissance aux magnifiques fresques qui ornent ses murs et aux mosaïques qui décorent les sols. Le jour de l’inauguration des fresques, David Rubinger pointait son appareil-photo en direction des chefs d’œuvres quand il se rendit compte qu’il pourrait les photographier à n’importe quel moment. En revanche, c’était là sa seule occasion d’immortaliser la réaction de l’artiste et de la Première ministre Golda Méïr.

« Au lieu de cela, se souvient Rubinger, je me suis tourné et j’ai fait un gros plan de Chagall au moment crucial où il s’est penché vers Golda et lui a pris son coude alors que les housses recouvrant ses fresques étaient retirées. Je l’ai entendu lui dire en yiddish : « Nu se gefaelte dir, Goldie? Alors, ça te plaît, Goldie ? » J’ai vu qu’elle a eu le souffle coupé en découvrant les chefs d’œuvre et je pense qu’elle était extrêmement impressionnée. Chagall lui a souri avec une satisfaction évidente. »

Le retour triomphal en Israël des sauveteurs d’Entebbe

En 1976, un vol Air France transportant 244 passagers d’Athènes à Paris fut détourné par le Front populaire pour la libération de la Palestine avec l’aide du gang allemand Baader-Meinhoff. L’avion fut contraint d’atterrir en Libye pour être réapprovisionné en carburant, puis se posa à Entebbe, en Ouganda. Sur place, les terroristes séparèrent les passagers juifs et/ou israéliens, relâchèrent les passagers non-juifs, puis exigèrent la libération de nombreux terroristes palestiniens détenus dans des prisons du monde entier en échange des otages juifs. Israël refusa de négocier avec les terroristes et entreprit à la place une audacieuse mission de sauvetage. Cent parmi les 103 otages juifs furent délivrés ; un officier israélien, Yoni Netanyahou (frère de l’actuel Premier ministre israélien Binyamin Netanyahou) fut tué.

David Rubinger immortalisa le moment où les héros atterrirent en Israël : « Je me trouvais à l’aéroport pour accueillir nos garçons braves et courageux et j’ai photographié le pilote qui a dirigé les quatre avions de sauvetage Hercules alors qu’il était porté triomphalement sur les épaules de la foule jubilante. » Des années plus tard, Rubinger rencontra le pilote qu’il avait photographié et ce dernier lui fit part de son mécontentement en lui disant : « Après que j’ai été publiquement vu dans votre photographie parue dans le Time, nos services de sécurité m’ont forcé à porter une perruque pendant un an pour éviter que l’on me reconnaisse et que l’on puisse m’attaquer ! »

Golda Meïr donne à manger à son petit-fils

Dans les années 1950, le magazine américain Life engagea les services de Rubinger pour passer quelques jours avec Golda Méïr, à l’époque où elle était ministre des Affaires étrangères d’Israël. Dirigeante brillante et remarquable, Golda Méïr avait aussi un côté plus tendre, que Rubinger tint à immortaliser dans ses clichés. « Je l’ai observé dans son rôle véritablement domestique, en train de disposer des plaques de noms pour un dîner diplomatique tenu dans sa maison, de faire ses emplettes, d’acheter des friandises et des vêtements pour ses petits-enfants, et de cuisiner dans sa cuisine pour sa famille. Cette cuisine fut connue sous le surnom de “Cuisine de Gold”, un endroit où, lorsqu’elle était ministre des Affaires étrangères et plus tard Première ministre, de nombreuses décisions politiques et militaires d’une portée considérable furent prises… »

Mena’hem Begin et Anwar Sadat, 1980

Rubinger fut présent quand le Premier ministre israélien Menahem Begin et le Président égyptien Anwar Sadat se rencontrèrent pour négocier le traité de paix égypto-israélien.

Opération Salomon, 1991

L’opération Salomon fut le convoi aérien de plus de 14 000 Juifs éthiopiens depuis Addis Ababa lors d’une immense opération de 36 heures, les 24 et 25 mai 1991. David Rubinger photographia l’atterrissage des avions et se souvient des scènes incroyables qui suivirent : « De nombreux membres de la communauté éthiopienne d’Israël qui avaient fait leur alya plus tôt se trouvaient à l’aéroport pour accueillir leurs proches, alors vous pouvez vous imaginer combien les scènes de leurs retrouvailles furent émouvantes. J’ai couvert l’histoire d’un jeune homme qui était arrivé en Israël tout jeune mais qui était maintenant sergent dans l’armée israélienne, bien installé et n’attendant que d’être réuni avec ses proches. »

(Toutes les citations sont extraites de l’ouvrage Israel Through My Lens : Sixty Years as a Photojournalist par David Rubinger et Ruth Corman, Abbeville Press Publishers, London : 2007.)

 

 

 

 

source : aish.fr (lien)

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